Un sujet qui ne manque pas de selles

Sujet tabou, parler de ses selles n’est pas la discussion à aborder pendant un repas. C’est même parfois difficile d’en parler à son médecin. Pourtant la forme, l’odeur, la couleur nous révèle des informations sur l’état de la digestion. Savoir décrypter l’état de ses propres selles est une bonne façon de faire attention à sa santé.

La bonne nouvelle est qu’il n’est pas nécessaire de sentir ou de toucher pour se rendre compte de la qualité de nos matières fécales. Heureusement car nos selles sont pleines de bactéries et il est indispensable de bien se laver les mains avec du savon en cas de contact par inadvertance avec les résidus de notre digestion.

La fréquence d’exonération, la couleur …

Pas de quoi s’éterniser sur le sujet, il n’existe pas de standard sur notre fréquence d’exonération ou de faire ses besoins car nous sommes tous différents. Selon les statistiques, une personne va entre trois fois par jour se soulager dans les toilettes jusqu’à trois fois par semaine. A vous de voir si vous vous trouvez dans la norme et quelles sont vos habitudes à partir d’une alimentation riche en fibre et équilibrée.

Pour la couleur, c’est du marron foncé au beige en passant par le vert foncé selon sa consommation de chlorophylle. Les autres couleurs ne sont pas normales et il vaut mieux consulter surtout quand ce n’est pas habituel.

L’échelle de Bristol :

Il est possible à partir d’un repérage visuel des selles, d’évaluer la qualité de nos déchets dans un état situé entre la constipation et la diarrhée. L’échelle de Bristol établie par l’université du même nom permet rapidement de se faire une idée de son état de transit et d’en parler plus facilement à son médecin. La réponse vient probablement de l’alimentation qui est possible de corriger. D’autres facteurs peuvent intervenir en cas de dysfonctionnement.

Plus le transit est long, plus les selles auront tendance à devenir dures et à être déshydratées. Plus le transit est court, plus les selles seront molles pouvant indiquer un état diarrhée.

Les selles de type 4 sur l’échelle de Bristol sont idéales. De type 3, les selles sont normales. Une hydratation plus importante permettra sans doute d’améliorer la consistance des selles et de passer au type 4.

De type 1, inutile de faire la description d’une évacuation parfois douloureuse, sans doute que l’alimentation manque de fibres et d’eau. Les fibres se trouvent dans les fruits et légumes. L’hydratation doit être suffisante en eau. Il est inutile d’absorber d’autres liquides sinon de compléter par du thé ou des tisanes. Les autres boissons sont plutôt pour le plaisir et à consommer de façon modérée et même pas du tout pour les sodas ou autres breuvages industriels.

Il est préférable d’aller à la selle quand on a envie. Pas facile quand on mène une vie trop active et laisse peu de temps où le stress vient accentuer le malaise. Mais nos intestins ont leurs habitudes et sont en plénitude le matin. Sur ‘horloge circadienne du cycle des énergies des organes, l’heure de plénitude du Gros Intestin est entre 5h et 7h à l’heure solaire avec un décalage d’une heure l’hiver et de deux heures l’été. C’est un moment proche du réveil après une nuit de sommeil. Ralentir le rythme et prendre le temps nécessaire pour aller aux toilettes est un moment à privilégier pour que le corps se sente allégé.

De type 2, c’est un peu mieux mais pas agréable à évacuer. Il s’agit alors d’améliorer si possible son alimentation et de s’hydrater suffisamment.

De type 5, c’est considéré encore normal mais il n’est pas inutile de revoir son alimentation.

De type 6, alors c’est une tendance vers une diarrhée.

De type 7, ceux qui ont connu a tourista connaissent cet état. Dans ce cas, il y a certainement quelque chose qui ne tourne pas rond dans le transit et qu’un intru s’est invité au festin.

Les causes probables d’une constipation :

Les causes possibles montrent que c’est un problème associé à notre mode de vie accéléré.

  • Pas assez de fibres : fruits et légumes tout en consommant de façon raisonnable les autres aliments.
  • Déshydrations et donc il est nécessaire de boire davantage en dehors des repas.
  • Le stress qui empêche d’évacuer
  • Le manque de temps
  • Le manque d’exercice
  • Les émotions négatives

Les causes probables d’une diarrhée :

Elle peut être aigue ou chronique

  • Intoxications alimentaires. Infection causée par un virus, une bactérie ou un parasite.
  • Intolérance alimentaire.
  • Les effets secondaire de certains médicaments. La microbiote est fortement perturbée.
  • Origine d’une maladie.

D’un point de vue énergétique :

Un bilan énergétique devrait montrer sans doute un déséquilibre sur la chaine digestive. Cela concerne les méridiens de l’Estomac, Rate et Gros Intestin et certains points situés sur les méridiens de ces organes. La Rate et l’Estomac appartiennent à l’élément Terre, qui engendre le Métal associé au Gros Intestin. La médecine traditionnelle chinoise montre à travers le cycle d’engendrement qu’un bon fonctionnement des intestins dépend d’une bonne digestion, ce qui semble logique. Les aliments qui sont issus de la terre contribue à l’énergie vitale et montre à quel point, l’alimentation naturelle sans transformation est importante pour la qualité de notre hygiène de vie. L’élément Terre associe bien les organes de la digestion avec ce qui est produit à partir de la terre et la lumière du soleil.

La diarrhée peut être l’effet d’énergie perverse liée à des aliments trop froids. Une alimentation trop froide conduit à un vide d’énergie provoquée par une baisse de température interne que le corps doit compenser. Un excès de glaces ou de boissons trop fraiches en été, consommées pour le plaisir n’est pas notre meilleur allié. Une salade bien fraiche bien mâchée et salivée permet d’éviter une perte d’énergie au moment de la digestion induite par le bol alimentaire quand il arrive dans l’estomac.

Les émotions, l’anxiété, la peur sont des causes probables. Dans le cas de surmenage, un bilan énergétique pourrait montrer un vide du méridien du Rein et de la Rate. Selon la méthode choisie, ces méridiens seront travaillés en tonification.

D’un point de vue naturopathique :

La naturopathie privilégie les aliments vivants crus et bio. Une alimentation saine et équilibrée contient essentiellement des fruits et légumes riches en fibre et des aliments non carnés. Elle se rapproche de l’alimentation du chasseur cueilleur qui se nourrissait essentiellement de végétaux avec une consommation limitée de viande de qualité qui a peu de rapport avec les produits de l’élevage intensif.

En clair et pour éviter une constipation chronique, la naturopathie recommande de consommer au moins 80 % d’alimentation vivante et 20 % de protéines d’origine végétale ou animale, crue ou cuite avec des procédés de cuisson doux comme la vapeur.

Les bienfaits sont multiples et favorisent une meilleure digestion, un meilleur transit et moins de constipation.

Bien mâcher :

Prendre le temps de bien mâcher les aliments est presque un luxe quand la pause déjeuner est limitée. Manger en pleine conscience et dans la sérénité exige un environnement favorable presque impossible à obtenir dans un milieu bruyant et agité. Pris dans le flot de discussions anarchiques, on se rapproche du gobeur qui oublie de faire travailler ses mâchoires et impose des tâches non prévues à son système digestif. L’énergie nécessaire à la digestion est plus importante et conduit à une certaine somnolence où la sieste est la bienvenue. Il est donc important de mastiquer suffisamment les aliments et les réduire en bouillis et de les ensaliver.

Inutile de préciser que la consultation des mails, de son smartphone en mangeant n’est pas une bonne méthode pour améliorer la qualité de la digestion et dans sa continuité, l’évacuation des restes des aliments.

Les aliments avalés et bien mâchés, mis à température traversent l’œsophage avant d’arriver dans l’estomac qui commence son travail de digestion. Le transit est meilleur avec moins de déchets dans le gros intestin ou le colon. De bonnes habitudes alimentaires évitent la putréfaction et la fermentation des déchets conduisant à la production de gaz et de douleurs au niveau du ventre.

Faire de l’exercice :

Au niveau physique, on peut se faire de temps en temps un massage du ventre pour faciliter le transit et rendre son gros intestin moins paresseux. L’activité physique améliore le travail des intestins. Quelques abdominaux ou simplement de la marche rapide facilitent le transit intestinal.

Quelques exercices physiques permettent de stimuler le péristaltisme qui par contractions physiologiques facilitent l’évacuation des matières fécales.

Bien boire :

S’hydrater est vital au niveau de la santé. C’est aussi important pour la défécation en évitant les selles de devenir dur et donc difficile à évacuer. Il faut boire régulièrement en dehors des repas et selon ses envies. Les fruits et légumes crus contiennent aussi de l’eau et complètent l’hydratation du corps.

Comment mieux évacuer les selles ?

Nos toilettes occidentales permettent de s’assoir confortablement mais ce n’est pas la position idéale pour évacuer ses déchets. Comme pour les toilettes orientales, l’idéal est de s’accroupir, une habitude que nous avons perdu au point de se faire mal quand on commence à fléchir les jambes. Passé un certain âge, ce n’est pas évident d’adopter cette posture quand on mène une vie trop sédentaire. Pourtant dans les pays orientaux, les gens âgés n’ont pas de mal à s’accroupir. Le corps humain n’a pas été fait pour s’assoir au moment d’évacuer les selles. Avant l’invention de nos toilettes confortables, on adoptait cette posture naturelle. Mais depuis, on a perdu de la souplesse.

En position assise, dos et cuisses à 90 degrés, l’angle anorectal est plus fermé et freine l’évacuation des selles comme le montre le schéma ci-dessous. En fléchissant le tronc vers l’avant en reposant les coudes sur les genoux placés plus haut que les hanches, les selles s’évacuent plus facilement. En cas de constipation, cela peut être plus confortable sans exercer de pression sur le périnée. L’idéal est de former un angle de 35 degrés entre les cuisses et le tronc. Pour surélever les genoux, on peut s’aider d’un petit banc sur lequel on peut placer les pieds. Ce n’est pas anodin, mais bien évacuer ses petites crottes permet au corps de ne pas stocker les restes qui ont du mal à passer.

Le diagnostic oriental selon Ohashi

Au sein du corps, chaque organe est considéré dans son rapport avec tous les autres. Si l’énergie se trouve bloquée dans n’importe quelle partie du corps, les autres organes ne sont pas suffisamment approvisionnées en énergie. S’il y a un flux adéquat de Qi à travers le corps, chaque cellule sera nourrie d’une énergie qui donne la vie. Si l’énergie est bloquée, les cellules et les organes suffoquent, à cause d’un manque de Qi.

Dans la tradition orientale, si nous parlons du foie ou de problèmes de foie, nous ne parlons pas des problèmes physiques de l’organe lui-même. Nous pourrions parler de l’organe lui-même ou du méridien énergétique en rapport avec lui; d’autre part, les problèmes qui les affectent peuvent être d’ordre parfois physique, parfois psychologique.

Parce que le mental, l’âme et le corps sont un, chaque caractéristique, qu’elle soit d’ordre émotionnel, intellectuel ou spirituel, possède un organe physique correspondant. Nous disons même que chaque émotion est associée à un organe particulier ou à un groupe d’organes.

L’esprit oriental pense d’une manière holistique et intuitive par opposition à une approche compartimentée et rationnelle. La philosophie orientale est humaniste et artistique, plutôt que technologique. Le praticien oriental observe son patient, le touche, le questionne en détail et l’écoute attentivement.

En diagnostic oriental, nous tâchons de travailler avec les énergies de rétablissement de la santé du patient. Ce n’est pas le thérapeute qui guérit, c’est la patient lui-même. Tout ce que fait le thérapeute, c’est de guider le patient pour qu’il s’aide lui-même à retrouver la santé.

Dans la Chine antique, un médecin était payé pour garder son patient en bonne santé. Si ce dernier tombait malade, le médecin n’était plus payé. La prévention était la fonction primordiale de la médecine.

Dans l’esprit du diagnosticien oriental, un mal de tête, une éruption cutanée ou une digestion difficile peuvent être la conséquence de problèmes rénaux, du foie ou de la rate, dont l’origine est à son tour à rechercher dans l’alimentation, le niveau de stress ou d’éventuels troubles d’ordre psychologique. L’approche orientale serait de proposer des modifications dans le mode de vie du patient.

La médecine orientale complète la médecine occidentale. Les deux ont leur propres forces et leurs propres faiblesses. Le thérapeute oriental emploie une approche douce; il confronte les problèmes alors qu’ils ne sont pas trop importants. L’Oriental adopte un point de vue global lorsqu’il administre ses soins de santé et qu’il met l’accent sur la qualité de la vie. La médecine occidentale est hautement spécifique. Le docteur en médecine dispose des pouvoirs les plus grands pour la gestion des crises, gérant les problèmes ayant atteint des proportions importantes. Le monde médical occidental tend à privilégier la quantité de vie, ou longévité.

Extrait de “Comprendre le langage du corps” de Wataru Ohashi

Ohashi, maître de shiatsu de renommée internationale, est né en 1944. Après avoir fondé son école en 1974, il dépose la marque Ohashiatsu et forme de nombreux enseignants. Il donne des cours dans des universités, des écoles professionnelles ainsi que des centres d’études orientales dans le monde entier.