Extrait de conférence faite à Zinal en Suisse, en septembre 1976 par Nil Hahoutoff
Tous les esprits même les plus brillants ont cette propension à la confusion. La cause de ces confusions se trouve dans l’imperfection de notre instrument pensant plus ou moins apte à véhiculer une idée limpide en provenance de nos expériences vécues. C’est ainsi que, nous découvrons en nous des peurs de crabes et d’agressivité d’écrevisses.
Le premier point que nous enseigne le yoga : ne jamais réagir mais toujours agir. Dans le yoga, on enseigne de compter jusqu’à trois avant de prononcer une parole ou de commencer la moindre action.
La colère :
La colère c’est toute forme d’irritation qui ne tient pas compte de la cause véritable en nous-même et qui rend coupable de cette irritation quelqu’un d’autre. La colère pousse à accuser l’autres, à le combattre, à exercer sur lui une pression. La colère est totalement improductive.
L’avidité :
La nature véritable de l’avidité, c’est un profond sentiment de dévalorisation et une aspiration impérieuse à se valoriser. C’est lorsque l’acquisition paraît valorisante qu’il y a avidité. La tentative de se valoriser par la possession d’objets est la plus naïve qui soit et la plus décevante. Dès l’objet acquis, on a immédiatement besoin d’un suivant parce que le premier n’a pas apporté l’effet rassurant attendu.
La suffisance :
La suffisance n’est pas une appréciation exagérée de soi mais une totale absence d’appréciation. A la moindre confrontation avec la réalité, la suffisance est toujours douloureuse et la soi-disant sensibilité des susceptibles est tout le contraire de la véritable sensibilité. La véritable sensibilité s’émeut de la douleur des autres, pas des siennes propres.
L’humilité :
L’humilité n’est pas à confondre avec humiliation. Cette dernière est une émotion alors que le mot humilité est une vision, une connaissance. Dans le yoga, l’humilité c’est l’exacte appréciation de soi par rapport à l’univers.
La confusion :
La confusion, c’est-à-dire la propension à mélanger, à identifier les choses, des attitudes, des pensées qui ne doivent pas l’être, provient de la non agilité de l’esprit. La plus haute faculté de l’intelligence, c’est de séparer ceci de cela. Or sans cette faculté, aucune appréciation correcte, aucun jugement ne peut être fait.
Le jugement :
Le jugement doit être pris dans le sens d’appréciation et non pas dans celui de la condamnation. Si mon jugement n’est pas défini, ce n’est pas un jugement, c’est une expectative. Le jugement doit être rapide et sache être sans défaut, c’est-à-dire définitif. Le jugement ne s’applique pas à une personne.
Le détachement :
Le détachement c’est le désintérêt pour tous les objets de jouissance ; d<s quelque état, monde ou condition que ce soit, étant donné leur nature impermanente. Il s’agit du désintérêt et non la renonciation à utiliser les objets de jouissance. Le seul détachement qui est en cause dans l’enseignement du yoga, c’est le détachement de soi-même. Son contraire, l’attachement est la recherche dans un objet ou une situation, une valorisation de soi-même. Celui qui a donné un sens à sa vie n’a plus besoin de valoriser sa personne.
Dans la ligne véritable du yoga, on peut être détaché de tout ce qui nous entoure et qui constitue la vie en général. Le détachement, ce n’est pas négliger sa famille, ses devoirs, ses engagements antérieurs. Celui-là fait preuve de son attachement à ses propres buts égoïstes. Celui qui est détache de lui-même aime les autres. A ce propos, il y a un sûtra magnifique :
« Celui qui cherche Dieu ne le trouvera jamais. Mais celui qui s’éloigne de soi-même au point de se perdre, Dieu le trouvera sûrement »
L’auteur de ce discours, Nil Hahoutoff, Youri Hahoutoff, dit Nil Hahoutoff est un sportif russe originaire de Géorgie, connu pour avoir mis au point une lignée ou méthode de Yoga à laquelle son nom a été donné : méthode Nil Hahoutoff, et qui est toujours enseignée aujourd’hui (extrait Wikipédia)